Publication : 02 / 09 / 2020

Cette chronique a été initialement publiée, en version originale, sur le site web de l’ORTB.

Ils constituent l’un des principaux fléaux de notre monde numérique. Les Fake News envahissent notre quotidien, menacent nos systèmes politiques et détruisent déjà notre vivre ensemble. Face aux Fake News, il y a-t-il une porte de sortie, c’est la question qu’on se pose ce matin.

  • Mais, avant d’y répondre, rappelez nous une fois encore ce que c’est qu’une Fake News ?

Le Fake News est un terme d’origine anglaise qu’on peut traduire en français par “fausses nouvelles” qui désigne des informations mensongères diffusées dans le but de manipuler ou tromper le public. …

Le Fake News est un terme d’origine anglaise qu’on peut traduire en français par “fausses nouvelles” qui désigne des informations mensongères diffusées dans le but de manipuler ou tromper le public.

C’est un phénomène ancien mais qui a pris une importance inquiétante à l’ère de l’Internet et surtout des réseaux sociaux. Les Fake News peuvent émaner d’un ou de plusieurs individus, d’un ou de plusieurs médias, d’un homme d’État ou d’une entité gouvernementale.

Il faut savoir que les Fale news peuvent être classés en plusieurs catégories : les putaclic, les fausses nouvelles, les canulars, la satire, etc.

  • Cela dit, pourquoi les Fake News font-ils si peur ? Pourquoi leur propagation doit nous inquiéter ?

Je vais vous répondre en deux chiffres et deux exemples. D’abord les chiffres :

En 2018, une étude française a révélé que huit personnes sur 10 croient facilement à des informations, qui sont en fait mensongères et totalement inventées. Cela veut dire que notre cerveau n’est pas naturellement fait pour détecter le vrai du faux. On peut nous tromper facilement.

Une autre étude, américaine cette fois-ci, réalisée en 2018 par le très sérieux MIT a révélé qu’une fake news se répand six fois vite qu’une vraie nouvelle. Autrement dit, à l’ère des réseaux sociaux, il est plus facile d’avoir accès aux Fake News qu’aux vraies informations.

Ensuite les exemples :

Premier exemple, en Inde en 2018, près de 30 personnes ont été lynchées à mort dans l’intervalle de deux mois dans un village. A l’origine de ces violences, de fausses rumeurs circulant sur le réseau de messagerie WhatsApp, qui désignent la présence d’un gang ravisseurs d’enfants dans le village. Cela montre que les conséquences des Fake News peuvent être extrêmement dramatiques

Deuxième exemple, plusieurs spécialistes soupçonnent que la diffusion massive de fausses nouvelles a eu des conséquences durant le Brexit ou encore dans l’élection présidentielle américaine en 2016. Cela montre que l’usage des fake news dans un contexte électoral peut impacter l’intégrité du jeu démocratique.

Tous ces éléments montrent que les fausses nouvelles constituent aujourd’hui une réelle menace pour notre existence. En plus, les procédés de manipulation de l’information ne cessent d’être sophistiqués.

Aujourd’hui, on parle beaucoup de “deep fake” traduits en français par l’expression “faux parfaits”. C’est un technologie directement issue des recherches en intelligence artificielle qui permet de créer de fausses vidéos à partir de quelques heures d’enregistrement d’une personne réelle.

A propos de ces deep fake, le philosophe français Gaspard Koenig considère même que leur avènement marquera la fin du débat démocratique car, avec eux, on ne saura plus qui dit vrai ou faux.

  • Mais comment peut-on s’en sortir ? Comment lutter contre ces fake news ?

Déjà, il faut être optimiste et dire qu’il est possible de s’en sortir.

Ensuite, je pense qu’il existe plusieurs niveaux d’axes d’intervention pour lutter contre les Fake news.

D’abord à titre individuel, nous devons prendre conscience de l’ampleur du phénomène et adopter de bons réflexes. Par exemple, avant de partager un contenu, quelle que soit sa nature et le canal utilisé, il faut s’interroger : qui est l’auteur de l’information ? quel est son objectif ? Est-il un journaliste sérieux ? Quelle est la nature du site qui a relayé le contenu ? Est-ce que d’autres sites ont publié la même information ? De quand date l’information ? Que disent les commentaires ?

Ensuite les médias ont un rôle important à jouer. Car c’est d’abord notre rôle professionnellement d’informer le public. Si les Fake News ont du succès aujourd’hui, c’est non seulement à cause du Web 2.0 mais aussi parce que les journalistes jouent un peu moins bien leur rôle pour diverses raisons

Enfin, il y a les autorités qui doivent également jouer leur partition. Elles peuvent agir sur trois niveaux au moins : sensibiliser, légiférer et sanctionner.

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